Vaisseau de marbre

C'est la raison pour laquelle je vous ordonne de garder les yeux sur lui afin de prévenir tout écart de sa part. De plus, tout ordre que pourra vous donner ma fille au cours de votre mission devra être considéré comme inacceptable par mon autorité. Bien entendu, si par un malencontreux hasard il était impossible de le renvoyer chez lui, vous devrez immédiatement le ramener à sa cellule et veiller à ce qu'il y reste. Et s'il en vient à jouer au plus malin, vous êtes également autorisé à l'abattre sans sommation...

Evokis laissa échapper un grognement.

A vos ordres...

L'Empereur arrêta sa fille avant qu'elle ne tourne les talons :

Elara, je ne te laisse qu'une dizaine de minutes pour accomplir ta tâche. Nous sommes arrivés dans le système de la planète mère et notre flotte de défense se tient prête à repousser l'envahisseur. J'aurai besoin de toi sur la passerelle dès le début de la bataille, alors ne tarde pas.

Lorne se rapprocha de la princesse Elara

Excusez-moi, mais sommes nous à proximité d'une planète désertique ?

Elle sembla surprise :

Une planète désertique ? Non, je ne crois pas... Comme vous l'avez vu sur la passerelle, nous venons d'entrer en orbite de notre planète-mère, mais celle-ci n'a vraiment rien de désertique. Pourquoi cette question ?

Ça n'est pas important, nous avions détecté une planète désertique près d'une planète de ce type, mais beaucoup de choses peuvent changer en un million d'années.

Monsieur Lorne, j'ai le vague sentiment que vous ne me dites pas toute la vérité. Si je me souviens bien, vous avez parlé d'un champ d'épaves de vaisseaux dans lequel vous aviez une mission à mener avant votre arrivée ici. Et d’après vos propres paroles, l'épave à bord de laquelle vous vous trouviez était étrangement semblable à notre vaisseau amiral.
De plus, vous semblez me dire que vous avez remarqué une planète désertique près du champ d'épaves, et il se trouve que la seule planète dans les environs est le berceau de ma civilisation. Et pour aller encore plus loin, la tactique guerrière préférée de nos ennemis est de complètement stériliser la moindre de nos colonies dans le but de nous exterminer. Cette planète dont vous me parlez semble donc avoir subi le même sort que nombre de nos mondes au cours des dernières années…
Si je m’écoutais, Commander, je dirais que vous savez des choses que vous refusez de me divulguer. Je crois que nous allons perdre cette bataille. Je crois que notre flotte sera anéantie ainsi que notre planète-mère, et avec elle s’éteindra la race des Anciens.
Maintenant répondez-moi : ais-je raison, monsieur Lorne ?

Je suis désolé, mais techniquement, je n'ai pas le droit de vous répondre.

Dans ce cas, ne me dites rien. Mais votre silence confirme mes pires soupçons quant aux évènements qui vont bientôt se dérouler ici...

Princesse Elara ? Mais... que faites-vous en compagnie de l'intrus ? Evokis ! Aidez-moi à neutraliser cet espion !

Tout va bien, Trevol ! Rengainez votre arme et laissez-nous passer. Je suis chargée de renvoyer le Commander Lorne chez lui par ordre direct de mon père.

Le renvoyer chez lui ? Par ordre de l'Empereur Akepton ? Voilà bien une étrange décision de sa part.

Je n'osais faire cette remarque, mon ami.

Etes-vous en train de me dire que vous contester les ordres de l'Empereur ?

Non, madame, bien sûr que non, pardonnez-nous...

Il se tourna vers Lorne :

Et d'où venez-vous, monsieur le Commander ?

Je viens d'une galaxie lointaine... Très lointaine...

Alors, vous êtes une sorte... d'explorateur, c'est bien cela ? C'est étrange, car votre présence inexpliquée à bord de notre vaisseau semblait pourtant vous accuser d'une manière indéniable d'espionnage et de trahison. Je pense que l'Empereur Akepton doit être très irrité de savoir que le véritable espion est toujours en liberté.

Evokis, souhaitez-vous que je vous accompagne jusqu'à votre destination pour vous aider à garder un œil sur notre intrus ?

Non, nous nous rendons en salle des machines et vous savez très bien qu'il est formellement interdit pour un agent de sécurité de quitter le niveau qui lui a été affecté. Restez ici et continuez les recherches dans votre secteur. Quant à ce monsieur Lorne, ne vous inquiétez pas pour lui, je continue de le surveiller avec une extrême attention. Et au moindre faux pas de sa part...

Il tapota d'un air satisfait le pistolet qu'il tenait dans sa main.

Dans ce cas, me voilà rassuré. N'hésitez pas à faire appel à mon équipe de sécurité si jamais vous avez besoin d'un coup de main.

Sans plus attendre, ils reprirent leur route en laissant Trevol derrière eux.

J'ai comme l'impression que ces deux-là ne vous apprécient pas beaucoup.

C'est totalement compréhensible. Après tout, que fais-je ici ?